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Maladies respiratoires des bovins
Derniére mise à jour le : 17/12/2024
Maladies respiratoires des bovins : des agents pathogènes à identifier et des facteurs de risque à investiguer
Article largement inspiré du GDS de la Creuse
Les troubles respiratoires infectieux sont provoqués par l’action combinée d’agents pathogènes et de facteurs d’élevage (logement, stress, alimentation…). Leur maîtrise efficace demande un diagnostic appuyé sur l’intégration des données épidémiologiques, cliniques, analytiques et des pratiques d’élevage. Comme les autres syndromes d’élevage, les pathologies respiratoires sont responsables de pertes économiques importantes pour les élevages qui y sont confrontés et des mesures de prévention devraient être mises en œuvre.
Des symptômes variés avec le thermomètre comme premier réflexe…
Lors d’un épisode respiratoire, les symptômes observés sont la perte d’appétit, de la léthargie, de la toux, de la dyspnée ou du jetage. Mais l’hyperthermie est le premier signe d’une infection, notamment en phase virale. La prise de température de tous les animaux du lot pour identifier les asymptomatiques doit être systématique pour pouvoir les traiter précocement. La fièvre baisse par la suite et on peut avoir une infection bactérienne importante avec une hyperthermie modérée.
… et un diagnostic clinique imparfait, d’où la nécessité d’un diagnostic analytique
Au vu des symptômes, votre vétérinaire pourra identifier la localisation du problème avec des infections des voies respiratoires hautes (rhinite, trachéite, bronchite) et celles du poumon (pneumonie), plus difficiles à soigner. Mais il est rarement possible d’identifier avec précision l’agent causal. En effet, en matière de maladie respiratoire, les agents pathogènes sont nombreux et variés avec des virus (syncytial (BoRSV), PI3, coronavirus, adénovirus, IBR, BVD…), des bactéries (pasteurelles, mycoplasmes…), des parasites (strongles pulmonaires), voire certains champignons comme l’aspergillose. Ces agents interagissent entre eux et il est rare de n’identifier qu’un pathogène. C’est pourquoi le recours aux analyses de laboratoire s’avère indispensable pour affiner le traitement et mieux cibler la prévention.
Un traitement à mettre en place le plus précocement possible
Sous prescription de votre vétérinaire, le traitement visera à soulager le plus rapidement possible l’animal avec des anti-inflammatoires et à prévenir les complications bactériennes avec des antibiotiques ayant une bonne diffusion pulmonaire. Il est à compléter avec un antiparasitaire lors de suspicion de strongylose. Plus le traitement sera rapide, plus le taux de guérison sera élevé et moins les séquelles seront importantes sur les animaux. Un traitement métaphylactique de tout le lot pourra être envisagé si plus de 30 % des animaux sont malades.
Une nécessaire approche globale de l’élevage en cas de problème
Si un épisode clinique se déclare, c’est qu’il y a eu rupture d’équilibre entre l’immunité des animaux et l’agression des agents pathogènes. Sont alors à vérifier l’alimentation, notamment la complémentation minérale et vitaminique, les transitions alimentaires ou l’accès facile à de l’eau de qualité et en quantité pour tous les animaux. La présence d’abreuvoirs mal placés ou avec un débit insuffisant est souvent constatée, les animaux les plus faibles du lot ne pouvant pas boire comme ils veulent. La présence de différentes tranches d’âge sous le même toit est à proscrire car cela constitue une source d’agents pathogènes ; les animaux plus âgés sont porteurs sains et contaminent les veaux des cases adjacentes.
Un rôle majeur de l’ambiance du bâtiment avec de l’air sans courant d’air
En cas de problème récurrent, une analyse d’ambiance est indispensable. Les animaux produisent chaque jour une forte quantité de molécules toxiques (ammoniac, gaz carbonique…) et d’eau qui sera éliminée par la litière ou sous forme de vapeur d’eau. Pour une stabulation de 50 vaches avec leurs veaux, c’est plus de 1.000 litres d’eau à évacuer chaque jour ! L’humidité maintient une litière moite, diminue la capacité des animaux à lutter contre le froid et favorise le développement des agents infectieux. La ventilation du bâtiment est déterminante pour réguler l’humidité ambiante (80 % maximum) et la température (entre 5°C et 25°C). L’emploi de fumigènes permet d’identifier les flux d’airs et leur vitesse, la totalité du produit devant être éliminé en moins de 5 minutes. Le renouvellement d’air peut être insuffisant si tout est fermé ou néfaste avec apparition de courants d’air si les zones de circulation d’air sont mal conçues. Les mesures correctives passent par l’amélioration de la circulation d’air horizontale, au moyen de filets brise-vent, bardage bois ajouré ou tôles perforées, placés au-dessus des cloisons afin de protéger les animaux de l’air entrant. Si la ventilation statique s’avère insuffisante, une ventilation mécanique peut être nécessaire.
Une prévention basée sur la vaccination
Dans l’objectif d’un usage raisonné des antibiotiques et d’un bien-être animal amélioré, une prévention des maladies respiratoires est indispensable. Il existe désormais de nombreux vaccins à visée respiratoire. Le choix est à faire en concertation avec votre vétérinaire, en prenant en compte les résultats des analyses des épisodes précédents, l’âge des animaux à protéger, la saison des problèmes. La vaccination n’est efficace que si tous les critères sont réunis, à savoir une ambiance de vie correcte et une immunité opérante. Une étude a démontré le rôle majeur de la vitamine A dans l’efficacité vaccinale et les connaissances récentes confirment l’intérêt de coupler vaccination intra-nasale et injectable pour une meilleure protection. La vaccination concerne principalement les jeunes animaux, mais il est parfois nécessaire de vacciner les adultes pour enrayer la circulation des pathogènes dans le bâtiment.
Un impact économique considérable
En Europe, chaque année, les maladies respiratoires sont responsables de plus de 500 millions d’euros de pertes pour le secteur bovin. Le coût par veau allaitant dans un élevage confronté à un épisode clinique a été estimé à 123 euros, et à 65 € par veau laitier.
Dans les Savoie, depuis 2019, près des deux tiers des dossiers “Coup Dur” présentés en commission étaient liés à problèmes de mortalité dus à des causes respiratoires.
Déterminer les facteurs de risque dans son élevage
Face des pathologies respiratoires, après la gestion de l’urgence (soigner les animaux malades), un état des lieux est à effectuer pour adapter vos stratégies thérapeutiques et préventives. Lors de situations récurrentes, une visite d’élevage est à effectuer par votre vétérinaire, avec une identification des points forts pour s’appuyer dessus et une hiérarchisation des facteurs de risque pour les corriger.
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