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AIN OVIN CAPRIN Parasitisme

Le traitements raisonné, une stratégie simple pour l'avenir

Derniére mise à jour le : 20/03/2025

Le parasitisme est un enjeu majeur en élevage, influençant la santé animale et la rentabilité des exploitations. Le cycle de vie des strongles digestifs est fortement conditionné par la météo et les pratiques d’élevage. L’usage excessif des vermifuges a entraîné l'émergence de résistances des parasites aux antiparasitaires, compromettant leur efficacité. Une approche plus stratégique et durable est donc nécessaire, intégrant les traitements ciblés sélectifs pour préserver les populations refuges.

Pas d’herbe sans parasites

Les parasites gastro-intestinaux se développent selon un cycle entre la pâture et l’hôte. Les conditions environnementales, comme l'humidité et la température, influencent leur survie et la rapidité de leur développement.

La population de parasites, et donc le risque d’infestation, évolue au fil de l’année. Les parcelles sont relativement saines au début du printemps car l’hiver élimine beaucoup de larves. Les cycles parasitaires se suivent et en fonction des conditions de milieu, la population sur la parcelle peut dépasser le seuil acceptable en fin de printemps début d’été. En été la sécheresse et de fait la complémentation alimentaire, réduit le risque d’infestation. L’humidité de l’automne relance les cycles parasitaires et le risque est alors maximal à cette période.

Une infestation parasitaire excessive, lorsque le seuil de parasites acceptable sur la parcelle est dépassé, peut conduire à la réduction du gain de poids et de croissance, à la baisse de production laitière, et à divers problèmes associés avec un impact direct sur la rentabilité. Elle entraîne également une altération de l’état général, augmentant la susceptibilité aux autres maladies.

Résistance aux antiparasitaires : un constat alarmant

L’utilisation répétée et inadaptée des antiparasitaires a conduit à la sélection de parasites résistants. Le mécanisme est simple : les parasites sensibles sont éliminés, tandis que les résistants survivent, et se reproduisent. Le traitement répété conduit à toujours sélectionner uniquement les parasites résistants qui sont finalement les seuls à survivre sur les parcelles. Les animaux ne se réinfestent qu’avec des parasites résistants et c’est ainsi que l’équilibre de la population parasitaire s’inverse avec une forte majorité de parasites résistants que l’on ne peut plus éliminer.

Plusieurs pratiques favorisent ce phénomène : le traitement systématique ; le traitement trop tôt dans la saison, l’usage répété des mêmes molécules ; le sous-dosage ; la mauvaise application ou encore le traitement juste avant le changement de parcelle.


Il devient alors urgent d’adapter les pratiques pour préserver l'efficacité des traitements en travaillant sur 3 axes complémentaires : la gestion des parcelles, l’immunité des animaux et la bonne stratégie de traitement.

  1. Tarir la source de contamination par la gestion des parcelles

Les larves infestantes sont dans l’herbe et plus particulièrement dans les 5 premiers centimètres de hauteur d’herbe. C’est-à-dire que si les animaux ne pâturent pas trop ras ils s’infestent peu. Ensuite la stratégie plus globale vise à changer de pâture lorsque l’on se rapproche du seuil d’infestation problématique pour aller vers une parcelle saine et ainsi de suite à chaque fois que la population de parasites se rapproche du seuil. L’alternance fauche/pâture ou encore le mélange d’espèces (« aspirateur à larves ») sont aussi des mesures intéressantes pour éliminer les larves infestantes.

  1. Favoriser l'immunité des animaux

Les animaux sont capables de développer une immunité plus ou moins efficace contre les strongles gastro-intestinaux, à condition d’y être exposés progressivement et assez longtemps. Chez le bovin une période de contact avec le parasite d’au moins 8 mois est nécessaire pour la mise en place d’une immunité efficace. Cette durée est calculée en soustrayant à la durée totale de pâturage, le temps d’efficacité des traitements et les périodes de sécheresse.  

L’importance de l’alimentation n’est pas à négliger car l’efficacité du système immunitaire dépend directement de la qualité de la ration. La sélection génétique commence à faire ses preuves notamment en espèce ovine.

  1. Eliminer durablement

Le choix du traitement et donc de la bonne molécule et de la bonne forme d’application (l’injectable étant préférable au Pour-on) est essentiel pour limiter les résistances. De même le traitement sur la base d’analyses coproscopiques ou sérologiques est à privilégier par rapport au traitement à l’aveugle. Enfin la période de traitement doit être prise en compte pour traiter au bon moment, c’est-à-dire lorsque le risque parasitaire est élevé.

Le rôle crucial des populations refuges

Une population refuge est une population de parasites sensibles (non exposés au vermifuge), présente sur la parcelle, capable d’absorber et de diluer les parasites résistants rejetés après traitement. Elle permet ainsi, à l’échelle de la parcelle, de maintenir une proportion de parasites sensibles importante. Pour cela il est nécessaire de ne traiter au plus que la moitié du troupeau selon des critères de choix définis.

Traiter uniquement les animaux qui en ont besoin

L’abandon des traitements systématiques au profit d’une approche plus ciblée est essentiel. Il est désormais recommandé de traiter uniquement les animaux qui en ont besoin, selon des critères zootechniques. Les primipares, les hautes productrices et les individus en mauvais état général sont à traiter préférentiellement quelle que soit l’espèce. Certains éleveurs traitent chaque primipare après vêlage, d’autres se concentrent sur les jeunes pour maximiser la croissance. L’important dans le ciblage est de traiter les animaux pour lesquels le traitement est le plus bénéfique en se limitant à la moitié du troupeau.

 

La gestion du parasitisme en élevage repose sur une approche intégrée combinant gestion des parcelles, immunité et traitements raisonnés pour préserver une population refuge. C’est grâce à ces nouvelles pratiques que l’on pourra limiter la résistance, mais aussi les impacts environnementaux des traitements tout en maximisant la performance technico-économique en traitant moins mais mieux.

 



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