Isère-Bovin-Plan et Maladie
Le sel chez les ruminants
Derniére mise à jour le : 08/12/2023
Le sel chez les ruminants…
A tous les animaux, toute l’année !
Carence en sodium chez les ruminants : La carence en sodium est la plus courante et la plus répandue des insuffisances minérales dans le monde et en France. Pourtant, en profitant de l’appétit spécifique des ruminants pour le sel, l’apport en sodium est facilement réalisable et peu onéreux.
Les aliments des ruminants ne contiennent pas suffisamment de sodium pour satisfaire leurs besoins. Faute d’apport, la carence s’installe avec des troubles cliniques.
Un rôle important du sel dans l’alimentation animale
Le sel (chlorure de sodium : NaCl) joue un rôle important dans l’alimentation animale. Il apporte du sodium (Na+) (40 %) et du chlore (Cl–) (60 %). Le sodium et le chlore, ainsi que le potassium (K+), maintiennent la pression osmotique et régulent l’équilibre acido-basique afin de maintenir le pH de l’organisme (6 – 6,8). Ces électrolytes des liquides corporels interviennent au niveau de la cellule, lors des échanges aqueux, de la valorisation des éléments nutritifs et de la transmission de l’influx nerveux. Le sodium et le chlore aident au passage des nutriments à l’intérieur des cellules et des déchets à l’extérieur. Le sodium doit être présent dans la lumière de l’intestin grêle pour l’absorption des sucres et des acides aminés. Une insuffisance en sodium diminue l’utilisation de l’énergie et des protéines et l’absorption des vitamines hydrosolubles. Le chlore est aussi retrouvé dans les secrétions gastriques où l’acide chlorhydrique joue un rôle important dans la digestion protéique. Il est aussi présent dans la bile, le suc pancréatique, les sécrétions intestinales et il est essentiel pour l’activation de l’amylase intestinale.
Les fourrages insuffisants en sodium avec une variabilité selon les fertilisations, le stade végétatif, la météorologie
La plupart des graines et des concentrés protéiques, de même que les fourrages, sont pauvres en sodium. De plus, de nombreux facteurs affectent les concentrations de chlorure de sodium dans les plantes. L’utilisation de chlorure de potassium comme fertilisation potassique, augmente la teneur en chlore de la plante mais diminue la teneur en sodium du fourrage compte-tenu de l’antagonisme entre sodium et potassium. Dans la majorité des cas, sodium et chlore diminuent quand les plantes arrivent à maturité. Les conditions météorologiques et la teneur en matière sèche des fourrages influent aussi sur leur teneur en minéraux, une herbe d’été concentre plus de minéraux qu’une herbe de printemps ou une herbe issue d’une période humide qui souffre d’un effet de dilution. Les périodes pluvieuses entraînent une accentuation des déminéralisations.
Le pica, 1er signe de la carence en sodium, avec une expression d’abord chez le veau, mais aussi une aggravation des diarrhées néonatales
La carence en sodium se manifeste d’abord par un léchage systématique (pica) puis par une diminution de l’appétit. Les animaux lèchent les murs, les séparations métalliques, les bois… Ils ingèrent de la litière ou ils lèchent la terre. Ils sont très attirés par l’absorption de matières comme l’urine croupie ou fraîchement émise par leurs congénères, l’eau boueuse, le purin. Les veaux sont les premiers à l’exprimer. Une déficience prolongée peut entraîner une aggravation des diarrhées néonatales ou une baisse de production par diminution de la production de salive et donc baisse de l’ingestion.
Blocs et seaux à lécher : deux grands types à bien différencier
L’appétence des blocs ou seaux à lécher dépend de la teneur en sel ou en mélasse, le goût salé ou sucré attirant les animaux et permettant une distribution en libre-service. Cependant, il est impératif de bien distinguer ces deux catégories :
- Les pierres de sel : elles doivent contenir au minimum 70 à 80 % de sel (30 % de Na) pour entraîner chez le bovin une autorégulation de consommation. Ces pierres se composent de sel pur, elles peuvent être enrichies en oligo-éléments.
- Les blocs, seaux ou cuvettes à support mélasse ou assimilé : ils apportent des macroéléments (Ca, P, Mg), des oligoéléments et une teneur en sel variable. Ces seaux ou blocs sont adaptés à une distribution collective. L’appétence est principalement liée à la gourmandise liée à la mélasse, et donc variable suivant les animaux. Par rapport à une complémentation sous forme d’AMV classique, ces blocs ou seaux présentent l’avantage de faibles contraintes de main d’œuvre et peuvent être utilisés au pâturage. Les principales limites à l’utilisation de ces présentations sont une large variation de consommation entre bovins, une consommation de longue durée pour apporter les quantités suffisantes et, par conséquent, un coût important par rapport à une complémentation en AMV.
Le sel, seul…
Sa relative abondance, son prix raisonnable et sa faible « toxicité » ont fait du sel une source de supplémentation en sodium et chlore. L’apport peut se réaliser sous forme de sel vrac ou de pierre de sel, en privilégiant le sel iodé. Tous les animaux, toute l’année doivent avoir à disposition une complémentation en sel permettant de couvrir leurs besoins. Le sel est le seul minéral que les vaches ont la « sagesse nutritionnelle » de consommer régulièrement pour satisfaire leurs besoins mais pour cela il leur en faut toujours à disposition. Les besoins vont varier en fonction de l’âge des animaux, de leur alimentation ou de leur niveau de production, la fourchette étant de 20 à 50 grammes (l’équivalent d’une cuillère à soupe).
… ou dans les Aliments Minéraux et Vitaminés (AMV)…
La complémentation minérale peut être continue ou discontinue, individuelle ou collective. L’utilisation quotidienne d’un AMV est la meilleure façon de gérer les apports minéraux, sous forme granulé ou semoulette. Si elle est facile à mettre en œuvre en stabulation, c’est plus difficile en période de pâturage. On peut alors utiliser des formulations pierre à lécher ou seau, en vérifiant systématiquement la teneur en sel. Selon la concentration en sodium de l’AMV et sa quantité quotidienne distribuée, il sera apporté un complément de sel, si nécessaire, pour couvrir les besoins journaliers.
… tout en étant vigilant vis à vis des erreurs à éviter
Il est donc primordial de maintenir un apport permanent de sel. Cependant, en cas d’absence prolongée d’apport, évitez une distribution ad libitum car l’animal en ingérerait une quantité susceptible de l’intoxiquer. Commencez par lui proposer une quantité journalière de l’ordre de 25 grammes puis, au bout d’une semaine, de l’ordre de 50 grammes par jour. S’il s’agit de pierres à lécher, mettez-les à disposition 2 heures par jour puis la durée sera progressivement augmentée. Au bout d’un mois, on pourra les laisser en disposer à volonté. De plus, une remise en route de complémentation en sel ne se réalisera pas en fin de gestation. Cela pourrait entraîner des cas de fièvre vitulaire ou de tétanie en période de peripartum. Dans ce cas, on attendra la mise-bas pour compléter pleinement en sel. Concernant leur disposition, les blocs de sel seront placés en hauteur, afin de les mettre hors de portée de la faune sauvage, et assez loin des points d’eau pour éviter une surconsommation de sel.
Les blocs de sel seront placés en hauteur, afin de les mettre hors de portée de la faune sauvage, et assez loin des points d’eau pour éviter une surconsommation de sel.
Du sel à tous les animaux, toute l’année, une des bases d’une alimentation équilibrée des ruminants
Avec l’eau et les fibres, le sel est une des composantes essentielles de l’alimentation des ruminants, domaine de risque majeur. La complémentation en sel est une impasse à ne pas faire d’autant que le coût reste raisonnable. Pour plus de renseignements, n’hésitez pas à nous contacter.
DMV Boris BOUBET
GDS Creuse
FRGDS Auvergne Rhône-Alpes
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