Bovin réglementaire introduction et mouvements
La quarantaine : outil indispensable de prévention sanitaire
Derniére mise à jour le : 20/03/2019
L’application de l’arrêté ministériel du 31 mai 2016 fixant les mesures de prévention, de surveillance et de lutte contre l’IBR, a modifié les pratiques de dépistage des bovins à l’introduction, en matière d’IBR mais également des autres maladies non réglementées, dépistées à l’achat sur recommandations ou décisions stratégiques des GDS de Rhône Alpes.
En effet l’IBR doit maintenant être dépisté entre 15 et 30 jours après l’introduction du bovin acheté dans l’élevage. Pour des raisons économiques évidentes, les éleveurs qui sont engagés dans les « kits ou packs intro » des GDS de Rhône Alpes, attendent ce délai pour réaliser les analyses complémentaires pour la BVD, la besnoitiose et autres… Si l’isolement des bovins n’est pas maitrisé pendant cette période, cela peut avoir de graves conséquences sanitaires sur l’élevage.
Le cas de la BVD
Un éleveur Savoyard a acheté il y a quelques mois une génisse prête.
Comme prévu, il l’a rentrée dans son élevage, dans une case isolée, mais dans le bâtiment des autres bovins de son troupeau, et attend 20 jours pour faire la prise de sang d’achat IBR.
Comme il est engagé dans le Kit intro du GDS des Savoie, il réalise donc les prélèvements pour des analyses BVD, Besnoitiose, Néosporose et Paratuberculose, en même temps que pour l’IBR, et les résultats tombent quelques jours plus tard : cette génisse est porteuse du virus de la BVD.
Par sécurité, il avait signé avec son vendeur un billet de garantie conventionnel afin de pouvoir annuler la vente et retourner le bovin en cas de résultat défavorable à l’introduction.
Il décide donc de retourner la génisse chez son vendeur, sans attendre une confirmation.
Aujourd’hui, il reçoit un résultat positif en BVD suite à un prélèvement de cartilage sur un veau qu’il a bouclé avec la boucle BVD, et appelle son GDS. La technicienne lui propose de venir sur son élevage pour faire un point de la situation avec lui, et évaluer les facteurs de risque qui ont pu entrainer la contamination de son troupeau et la « création » de cet IPI (Infecté Permanent Immunotolérant).
Lors de cette visite, la technicienne, se rend compte que la case dans laquelle l’éleveur a isolé sa génisse d’achat, était à côté d’un lot de vaches gestantes, dont la mère de l’IPI.
L’éleveur était persuadé que la séparation suffisait pour éviter une contamination : or, même si les femelles ne pouvaient pas se toucher, le couloir d’alimentation était le même, le matériel d’élevage également, et le virus a pu transiter vers le lot des vaches saines, par contact indirect.
Cet exemple montre à quel point il est important de maitriser la quarantaine, et d’éviter tout contact, direct ET indirect avec le reste du troupeau d’accueil.
Que faire pour éviter une contamination BVD lors de l’achat ?
- Acheter des bovins garantis non IPI
Une seule analyse BVD peut garantir un bovin non IPI pour toute sa vie. En effet, les veaux IPI naissent IPI : ils ne le deviennent pas au cours de leur vie.
Attention cependant, un bovin non IPI peut rencontrer le virus après sa naissance : il sera alors virémique transitoire pendant quelques semaines. Ses anticorps lui permettent de lutter contre le virus et l’éliminer (il ne sera jamais IPI), mais s’il a été en contact avec des femelles gestantes, il a pu les contaminer pendant cette période et les dégâts peuvent être très importants, et entrainer notamment la naissance d’un ou plusieurs IPI. Une vraie quarantaine permet de limiter le risque, d’autant plus si le transport n’a pas été sécurisé.
- Sécuriser le transport
Même si le bovin acheté est garanti non IPI, il peut rencontrer le virus en étant en contact avec un IPI ou un virémique transitoire. Le risque est important lors des rassemblements de bovins, notamment pendant le transport, ou dans le centre d’allotement des négociants.
Afin d’éviter ce risque, il est indispensable de réaliser le transport entre le vendeur et l’acheteur de façon direct, sans rupture de charge, et dans un camion désinfecté.
Ce type de transport sécurisé est également nécessaire pour éviter d’autres types de contamination, comme l’IBR par exemple.
- Analyser les bovins à l’introduction
Même si le bovin est garanti non IPI, il peut être intéressant de s’assurer qu’il n’est pas virémique transitoire en réalisant une analyse à l’introduction.
Cette analyse BVD se couple avec les autres analyses d’achat préconisées par le GDS (Besnoitiose, néosporose et / ou paratuberculose), ou obligatoire de par la réglementation (IBR, brucellose).
Plusieurs types d’analyses BVD existent :
- des sérologies qui vont chercher la présence d’anticorps dans le sang, donc le passage du virus,
- des analyses PCR ou antigénémie qui vont, elles, chercher la présence du virus directement, donc déterminer s’il s’agit d’un IPI (ou virémique transitoire)
- Contrôler les veaux des femelles gestantes achetées
Attention, si une analyse PCR ou antigénémie est négative pour une femelle gestante lors de l’achat, cela signifie qu’elle n’est pas IPI ou virémique transitoire. Cela ne signifie pas qu’elle n’a pas rencontré le virus pendant la gestation et qu’elle ne pourrait donc pas créer un IPI.
Il sera nécessaire de contrôler le veau à la naissance, pour s’assurer qu’il n’est pas IPI.
Il en va de même si l’analyse est réalisée en sérologie (comme prévu dans le plan stratégique régional) et que le résultat est positif : la femelle gestante a déjà rencontré le virus au cours de sa vie, et peut-être en cours de gestation, ce qui pourrait entrainer la création d’un IPI. Le contrôle du veau à la naissance est donc indispensable.
- Assurer une quarantaine maitrisée
Dans tous les cas, il est important de maitriser la quarantaine des animaux achetés, au moins pendant 15 jours, dans un local réellement séparé, sans contact direct ou indirect avec les autres bovins du cheptel. Elle a plusieurs avantages : l’acclimatation de l’animal à son nouvel environnement (microbisme, alimentation, logement…), l’observation du bovin par l’éleveur, la réalisation des analyses d’achat.
En effet, cette période provoque un stress chez l’animal acheté ce qui entraine un déséquilibre immunitaire et une augmentation des risques de transmission de maladie.
S’il n’est pas possible de mettre en place une vraie quarantaine dans l’élevage acheteur, il est indispensable de maitriser tous les facteurs de risques en amont, et de ne pas négliger la phase d’observation et les analyses d’introduction. Le transport direct du vendeur chez l’acheteur est alors inévitable.
Lorène Dupont, GDS des Savoie
FRGDS Auvergne Rhône-Alpes
Adresse postale : 23 rue Jean Baldassini - 69364 Lyon Cedex 07
Tel: - Mail : frgds.aura@reseaugds.com