Bovin maladie listeriose
La listériose en élevage bovin
Derniére mise à jour le : 12/04/2023
La Listériose est une maladie infectieuse due au microbe Listeria monocytogenes qui affecte l'homme et de nombreux animaux (ruminants, oiseaux, lapins,...). Bien qu'elle soit parfois une zoonose (maladie qui se transmet de l'animal à l'homme et inversement), la listériose est avant tout causée par l'ingestion d'aliments contaminés (par de la terre ou des souillures fécales) et mal conservés ensuite. Plusieurs individus sont malades après s'être contaminés auprès d'une même source d'infection.
Les listeria
Les 7 espèces de listeria :
- 1 espèce pathogène : Listeria monocytogenes
- 6 espèces inoffensives : Listeria innocua, Listeria ivanovii, Listeria grayi, Listeria seeligeri, Listeria murayi, Listeria welshimer .
Les listeria survivent jusqu'à deux ans dans les sols. En présence d'humidité et de matière organique, elles se multiplient en se divisant. Entre 30 et 37°C, leur nombre double en une demi heure environ. Aussi, contrairement à la plupart des bactéries, elles continuent à se multiplier (plus lentement) à basse température. La chaîne du froid est donc moins efficace que contre d'autres germes. De plus, elles supportent de fortes doses de sel (plus de 10 grammes par litre) donc elles peuvent coloniser les saumures.
Les Listeria sont détruites par la pasteurisation (15 secondes à 72°), par les désinfectants usuels et par une acidité assez forte (pH inférieur à 4).
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La listériose en élevage
Les animaux se contaminent par l'herbe, les fourrages ou l'eau.
La listériose est une maladie grave pour l'élevage. La listériose prend surtout deux formes : avortements et méningites. Les méningites épidémiques sont présentes avec de la fièvre et des paralysies sur une moitié du corps (hémiplégie faciale, tourner en rond, etc.). La mort survient alors en quelques jours. Les avortement se font plutôt en fin de gestation. On peut aussi voir des septicémies des jeunes, des épidémies de conjonctivite et des mammites subcliniques. Ces dernières sont graves pour la santé publique : il y a presque tout le temps des Listeria dans le lait. Ce sont des mammites invisibles, donc d'autant plus dangereuses. Le seul signe est l'augmentation de la quantité de cellules. Elles peuvent durer plusieurs années, malgré les tarissements et il n'y a pas de traitement.
La plupart des animaux contaminés ne sont pas malades. Ils hébergent des Listeria dans leur intestin sans aucun trouble et on les appelle alors des « porteurs sains ». Ils pourraient représenter 6 à 15% des bovins et jusqu'à plus de 50% dans les troupeaux où il y a eu des malades. Leurs excréments sont une deuxième source de microbes, à côté de l'eau et du sol. Ils contribuent à infecter la nourriture du troupeau. On pourrait les détecter que par des analyses répétées, ce qui n'est pas réalisable en pratique.
En général, on ne voit pas les deux formes en même temps. Elles ne sont pas très typiques car d'autres maladies peuvent donner les mêmes signes. Il faut réaliser des analyses pour valider le diagnostic.
Heureusement, la listériose est assez rare. En région Rhône-Alpes, la listériose pourrait causer de 1 à 2% des avortements des vaches.
Les analyses
Elles se font en plusieurs étapes :
- Après mise en culture des prélèvements, on peut savoir si il y a ou non des Listeria. Le laboratoire répond : présence ou absence de Listeria spp. (Spp. est une abréviation qui signifie « toutes espèces », sans qu'on puisse encore préciser si il s'agit de monocytogenes ou d'une espèce inoffensive). C'est une première indication : les conditions de vie des espèces non dangereuses sont très proches de celles de Listeria moncytogenes, et cela signifie qu'il peut y avoir un risque.
- Il faut d'autres d'analyses pour connaître l'espèce de Listeria.
- Une troisième série d'analyses donne le nombre de Listeria présentes par gramme de produit.
- Enfin, si l'on veut préciser la souche de Listeria monocytogenes, ce qui est important dans les enquêtes, il faut en général s'adresser au laboratoire national de référence.
Le procesus est assez long. Avec la méthode officielle normalisée, le délai de réponse pour l'espèce de Listeria est en moyenne d'une semaine. Il y a des méthodes plus rapides, mais le délai reste de 4 ou 5 jours. En raison des manipulations nombreuses, les analyses sont assez onéreuses.
La conduite à tenir
La propreté des vaches est indispensable et cela passe par exemple par l'entretien de l'aire d'exercice, des surfaces de couchages et le netoyage du local de traite, du parc d'attente et des mammelles.
Lorsque les fourrages sont contaminés par des Listeria monocytogenes, il n'y a rien pour les assainir. Il va y avoir alors fatalement de nouveaux animaux infectés qui vont, à leur tour, amplifier la contamination de l'environnement et des aliments. C'est un cercle vicieux.
Certains points à vérifier au niveau de l'alimentation :
- Les Listeria peuvent venir d'infiltrations de terre de surface, d'excréments, d'épandages de fumier ou d'effluents. Un périmètre de protection clos peut éviter cela.
- Les abreuvoirs sont un point sensible. L'eau peut y arriver saine et se contaminer après (terre, boue, bouses). L'eau polluée est riche en matière organique, les Listeria y trouvent de quoi se multiplier.
- Tous les aliments ne sont pas également sensibles. Le foin est pauvre en eau et très défavorable aux Listeria. A l'opposé, les ensilages et les balles rondes enrubannées sont riches en eau et présentent plus de risque. Il vaut donc mieux prendre des précautions pourla fabrication et l'utilisation des ensilages. Le risque semble limité avec un produit qui atteint 40 à 45% de matière sèche. Cela suppose un préfanage important, contradictoire avec une utilisation en dépannage, quand le temps est trop humide pour ensiler. En dessous de cette matière sèche, l'acidité paraît très importante pour la conservation et la sécurité. Il faut rechercher un pH de 5 ou moins. Cela peut se faire avec des plantes riches en sucre et à faible pouvoir tampon, qui fermentent vite et bien, c'est à dire des graminées comme le ray grass. Le tassage doit être suffisant pour éliminer l'air. C'est dans les parties altérées qu'on trouve le plus de Listeria, il faut donc les trier soigneusement avant distribution. L'extérieur des balles rondes semble également plus facilement contaminé. Signalons enfin la fragilité des balles (perforations du film et, en conséquence, détérioration de l'enrubannage) qui implique de mettre suffisamment de couches de film, de les manipuler et de les stocker avec précautions. L'herbe ensilée a plus de risque que le maïs : moins riches en sucre (particulièrement les luzerne - dactyle), elle atteint moins facilement l'acidité requise pour être protégée. D'autre part, le stade où la richesse en sucre est maximum est bref et cela ne va pas forcément avec une période de beau temps.
La prévention en fromagerie fermière
Selon la Méthode Olivier, il y a quelques points à risque principaux à surveiller :
- Le stockage du lait avec une hygiène correcte et dans des conditions normales (température et durée) permettent de limiter la multiplication des germes.
- Dans les premières heures suivant l'emprésurage, les Listeria peuvent se multiplier parce que les conditions de température et d'acidité sont favorables.
- Si le lactosérum de fromagerie est contaminé, les Listeria peuvent y survivre plusieurs jours. La saumure peut être rapidement contaminée par l'apport successif de fromages et les Listeria peuvent y survivre plusieurs semaines.
- Si le lait est sain, les Listeria n'arrivent pas toutes seules dans les fromages. C'est l'Homme qui les y amène par ses pratiques, ses manipulations et ses éclaboussures. Le brossage, le frottage et tous les soins de croûte sont la principale cause de la contamination des fromages en surface.
La réglementation
Les laiteries doivent suivre une démarche de qualité incluant une analyse HACCP de leur mode de fonctionnement et des autocontrôles de vérification. Elles ne doivent accepter aucun ingrédient dont on sait ou on a tout lieu de supposer qu'ils sont contaminés par des microbes dangereux si le mode de fabrication du produit ne permet pas de l'assainir (ce qui est le cas, par exemple, pour les fromages au lait cru, mais pas pour ceux au lait pasteurisé). Elles doivent s'assurer qu'elles ne mettent sur le marché que des produits sans risque pour la santé. Il y a bien une tolérance, mais elle ne s'applique qu'au stade de la distribution, dans le commerce, et à condition qu'on ait démontré par des études de vieillissement que le produit ne contiendra pas plus de 100 Listeria monocytogenes par gramme à la date limite de consommation.
La réglementation se double d'un dispositif de surveillance complet. Pour surveiller l'application de la réglementation, les services officiels effectuent des contrôles réguliers tout au long de la filière.
Mais l'Etat doit également évaluer l'efficacité de son dispositif réglementaire et avoir les moyens d'agir lorsqu'il y a urgence :
- La fréquence des Listeria dans les produits est surveillée par des prélèvements planifiés et faits au hasard pour obtenir des résultats significatifs sur le plan statistique (plans périodiques de surveillance). L'évolution de la listériose humaine est suivie à partir des déclarations obligatoires, avec synthèse annuelle par l'Institut de Veille sanitaire.
- L'apparition d'épidémies est détectée par le Centre National de Référence des Listeria, à partir des prélèvements envoyés par les laboratoires d'analyse, et par l'Institut de Veille Sanitaire.
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