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Gestion des mises-bas et avortements : sécuritée maximale recommandée

Derniére mise à jour le : 12/08/2024

Article paru dans le GDS Info 2024, à retrouver en intégralité en cliquant ici

Le terme de la gestation, prévu ou non, est un évènement particulièrement à risque pour la diffusion d’agents pathogènes, d’où la nécessité d’une gestion adaptée.


La mise-bas en routine : rappel des bonnes pratiques

Dans la mesure du possible, la femelle qui va mettre bas doit se trouver dans un endroit propre, calme, isolée de ses congénères mais en conservant le contact visuel pour limiter son stress. Cet endroit doit être régulièrement nettoyé et désinfecté, et la litière doit être suffisante. Le respect de ces mesures de base permet d’assurer un environnement sain pour cette période charnière de la vie d’une mère et de son produit.
Il faut ensuite gérer l’après mise-bas. Les soins apportés au nouveau-né sont garants de sa survie (voir pages 26-27). Ceux apportés à sa mère doivent lui permettre de retrouver rapidement un état de santé favorable à la production de lait, qu’il soit destiné à la traite ou à l’allaitement. La délivrance doit être expulsée dans les 12h pour éviter toute infection post-partum, et placée hors de portée d’autres animaux (destruction, enfouissement).

Attention : le box de mise-bas et l’infirmerie doivent constituer 2 endroits clairement distincts ! Que diriez-vous en voyant une femme accoucher dans le service infectieux d’un hôpital ? Une mère fragilisée et un nouveau-né dépourvu d’immunité ne doivent pas passer ce cap dans un milieu à risque trop élevé.



Quels sont les risques infectieux pour la gestation ?

Pour chaque espèce de ruminants, on connait les principaux agents pathogènes mis en cause dans l’interruption de la gestation. Le dispositif OSCAR permet d’investiguer les causes d’avortements en série chez les ruminants, et le tableau ci-dessous reprend les résultats pour l’année 2022 (pourcentage de dossiers pour lesquelles l’agent infectieux en question a une imputabilité reconnue possible ou forte) :

Espèce

Bovins

Ovins

Caprins

Cause infectieuse

Néosporose

17.2%

Toxoplasmose

19.6%

Toxoplasmose

23.0%

Fièvre Q

10.2%

Fièvre Q

17.7%

Fièvre Q

22.1%

Salmonellose

5.4%

Chlamydiose

17.0%

Chlamydiose

13.9%

BVD

4.2%

Salmonellose

12.1%

Listériose

3.3%

Listériose

3.7%

Border Disease

2.4%

Salmonellose

1.5%

Bilan OSCAR 2022 disponible sur le site www.plateforme-esa.fr

Bactéries (fièvre Q, chlamydiose…), virus (BVD, Border Disease…) et parasites (néosporose, toxoplasmose…) sont les principaux responsables, et des mesures spécifiques à chacun d’eux peuvent se mettre en place avant, pendant, et après la gestation, afin de limiter leur impact.

 

Que faire en cas d’avortement(s)… ?

Pensez déclaration obligatoire (voir encadré vert ci-dessous) et renforcez les mesures de base !
On estime que la moitié des avortements sont d’origine infectieuse, l’autre moitié ayant une cause physique, accidentelle, ou encore toxique… Cela signifie que dans 1 cas sur 2, la femelle avortée et ses produits (avorton, placenta) peuvent représenter un risque de contagion pour les congénères, et éventuellement pour l’humain.
Ainsi, dans l’idéal, l’isolement de la femelle avortée doit se faire au moins tant qu’elle présente des écoulements vulvaires. L’avorton et le placenta doivent être retirés de l’environnement avec précaution et conservés dans un endroit frais et étanche en attendant les éventuels prélèvements réalisés par le vétérinaire, puis détruits. La litière doit être retirée et l’endroit nettoyé et désinfecté.
Ces mesures répondent aux principaux risques générés par les maladies abortives précitées, et une approche complémentaire à la suite du diagnostic permettra d’affiner les autres démarches à entreprendre.

 

La déclaration d'un avortement est OBLIGATOIRE et la recherche de Brucellose (prélèvements + analyse) est entièrement prise en charge par l’État :

→ en bovin pour tout animal ayant avorté ou donné naissance à un nouveau-né mort dans les 48h

→ en ovin & caprin dès 3 avortements en moins de 7 jours, ou à partir de 5% d’avortements en une saison de mise-bas

 

Pour un diagnostic optimal

Agir vite : appelez votre vétérinaire dès la détection de l’avortement.

Conserver les indices : l’avorton est une source précieuse d’information et doit être conservé jusqu’au passage du vétérinaire. N’oubliez pas de garder la femelle avortée au bâtiment pour la réalisation des prélèvements.

Centraliser les informations : les historiques d’analyses déjà effectuées et les éléments de conduite du troupeau permettent d’étudier efficacement la situation et de trouver les réponses attendues.



Prévenir plutôt que guérir


La connaissance du statut du cheptel vis-à-vis de ces maladies est un réel atout. Les GDS proposent de multiples outils permettant de faire un état des lieux de ce qu’il se passe sur le troupeau : dépistage de prévalence, contrôle à l’intro, statuts sanitaires… Inutile d’attendre qu’un problème arrive pour le détecter : investir dans la prévention peut éviter des avortements et des mortalités. En fonction des résultats obtenus, l’éleveur pourra adapter sa gestion du troupeau, et pourra plus facilement orienter les investigations en cas de problème.
 

Quelle place de l’humain ?

L’éleveur peut à la fois être à l’origine d’une contamination, mais aussi en être la victime.
Sa gestion des femelles avortées, et son mode d’intervention pour assister les naissances conditionneront l’impact d’une éventuelle contamination infectieuse.
Il doit apporter un soin particulier au nettoyage et à la désinfection du matériel utilisé pour aider à la mise-bas, et veiller à intervenir avec des mains et des vêtements propres. L’utilisation de gants et masques chirurgicaux est fortement recommandée, dans un contexte de risque zoonotique (fièvre Q ou chlamydiose). La précaution maximale sera même de rigueur dans ce genre de situation pour les personnes à risques (femmes enceintes notamment) : pas d’intervention sur les mises-bas ni sur les femelles avortées !
 

Cyril AYMONIER, GDS des Savoie














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