Gale ovine : attention aux mélanges de troupeaux
La gale ovine est une parasitose très contagieuse provoquée par un acarien. Elle se transmet de brebis en brebis et est donc très courante après un achat ou après une transhumance. Voici en quelques mots l'essentiel sur cette maladie qui peut entraîner de lourdes pertes économiques et dont le seul moyen de s'assainir est un traitement chimique rigoureux du troupeau.
Présentation de la gale ovine : cause et symptômes
La gale ovine est provoquée par un acarien microscopique, Psoroptes ovis, invisible à l’œil nu, qui vit sur la peau et se nourrit des débris cutanés. La femelle pond de nombreux œufs (une centaine), déposés à la surface de la peau, et qui éclosent en quelques jours, les larves deviennent adultes en une semaine. Le cycle est très rapide et se déroule intégralement sur le mouton. Le parasite peut survivre 15 à 30 jours dans le milieu extérieur (litière, matériel d’élevage, …), tout en conservant son pouvoir infestant.
Les symptômes, d’abord discrets, sont au départ, un prurit léger et des petits boutons sur les parties de la peau avec de la laine. Très rapidement, on observe des mèches de laine tirées. Ensuite, un épaississement du derme et l’apparition de croutes provoquent l’arrachement de la laine par plaques sur les flancs et le dos. On observe alors une peau crouteuse, épaissie. Des surinfections bactériennes peuvent venir aggraver la clinique avec une atteinte de l’état général, une baisse de l’appétit et de production et d’une mort possible. La démangeaison est telle, que le bien-être des animaux est atteint. Certains animaux porteurs restent asymptomatiques et ce sont eux qui véhiculent la gale.
Les agneaux peuvent être atteints dès 8 jours, et on observe alors des « taches blanches » sur la laine : il s’agit de décoloration de la laine secondaire au léchage. On parle alors
d’agneau léopard.
Brebis et agneau atteints de gale ovine (Source : GDS23 F. Personne)
Le diagnostic
Si les symptômes sont bien installés et que tout le troupeau se gratte, le diagnostic clinique est évident. Mais parfois, les symptômes restent frustes (surtout au printemps, car la clinique caractéristique apparaît à l’automne), dans ce cas, des raclages cutanés de la peau atteinte avec une observation au microscope permet de mettre en évidence l’acarien. Attention cependant, un raclage négatif ne signifie pas qu’il n’y a pas de gale. Un test sérologique est en cours de validation mais ne sera pas utilisable à l’échelle de l’individu : on réalise un sondage sur un certain nombre d’individus pour savoir si le troupeau est atteint ou non de gale psoroptique.

Agent responsable de la gale (Source : Photo Atlas in veterinary disease biology)
Comment mon troupeau se contamine ?
Une brebis saine s’infeste par contact avec une brebis contaminée (qui se démange ou asymptomatique) ou via le milieu si une brebis atteinte s’est grattée contre une barrière ou un cornadis.
Cette infestation peut avoir lieu suite à l’introduction dans le milieu d’un animal porteur (90% des contaminations), lors de rassemblements (transhumances, concours et comices) ou au moment de prêt de matériel (transport, tonte, contention, …).
Quels sont les traitements ?
L'approche consiste à traiter simultanément tous les animaux, sans exception, à l'aide d'un acaricide, à désinfecter le bâtiment et le matériel avec un produit acaricide, puis à maintenir une période de vide sanitaire du bâtiment pendant 3 à 4 semaines. Il n'y a aucune preuve d'inefficacité des traitements ; tout échec est systématiquement attribuable à un manque de rigueur.
Le traitement peut se faire par baignade (il faut alors respecter le dosage). Ce traitement, fastidieux, permet de saturer l’ensemble du corps de façon uniforme en produit acaricide. Les moutons doivent rester au minimum, une minute dans le bain et la tête doit être immergée 2 fois. Un second bain 10 jours après est fortement conseillé. Il s’agit d’un véritable chantier qui demande du temps, de la main d’œuvre et d’avoir l’équipement adéquat. L’avantage de ce traitement est le court délai d’attente pour les agneaux (28 jours).
Le traitement peut également être effectué par injection. Plusieurs molécules ont l’AMM. L’inconvénient est le coût, le délai d’attente pour les formes longue action, l’impact sur l’environnement et l’apparition de résistances pour les autres parasites traités par ces molécules. La forme longue action permet de s’affranchir du 2ième traitement, 10 jours après. Il faut être vigilant à la dose injectée (ne pas sous doser), la qualité de l’injection va déterminer l’efficacité du traitement (si pour une brebis, le produit est n’est pas injecté dans la brebis mais à côté, elle restera porteuse et re-contaminera toutes les autres brebis).
Il n’existe malheureusement pas de traitement efficace contre la gale en médecine alternative.