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Isère-actualité

Fièvre Aphteuse en Europe

Derniére mise à jour le : 11/03/2025


Fièvre Aphteuse

La fièvre aphteuse est la maladie animale la plus contagieuse qui existe. Des cas en Europe nous inquiètent en 2025. Retrouvez ici toutes les informations sur cette maladie et les actualités en Europe (en bas de page).

Document à destination des éleveurs 

Le virus de la Fièvre Aphteuse

Il s’agit d’un virus de la famille des Picornaviridae, du genre Aphtovirus. Il existe 7 sérotypes.

Il se multiplie principalement dans la peau et les muqueuses, mais aussi dans le muscle, ce qui cause la mortalité chez les jeunes animaux par dégénérescence cardiaque.

Espèces sensibles : Ce virus n’affecte que les ongulés à doigts paires : porcs, bovins et petits ruminants domestiques et sauvages (moins sensibles que les ruminants domestiques). Les chevaux, oiseaux et carnivores ne sont pas sensibles ainsi que l’Homme : la fièvre aphteuse n’est pas une zoonose.

Les sources de virus sont les animaux malades (le liquide des aphtes qui éclatent et l’air expiré). Les animaux excrètent le virus déjà 48 heures avant l’apparition des signes cliniques : c’est là que c’est dangereux car il n'y a pas encore de restriction de mouvements dans l'exploitation.  Pour contaminer un bovin, 10 à 100 particules virales sont nécessaires. Un porc atteint en excrète jusque 100 millions par jour….
Le sang est également virulent : lors de la police sanitaire, il faut proscrire les abattages sanglants.
Un animal guéri peut rester excréteur : c’est pour cela qu’on abat tout le troupeau.
Le rôle de faune sauvage est considéré comme mineur en Europe.

Résistance du virus : Le virus est sensible au soleil et aux variations de pH : il est détruit si le pH est inférieur à 6 ou supérieur à 9. Il est également sensible à la chaleur : l’acidification inactive le virus dans les muscles, le traitement UHT sécurise les laits et dans le fumier, la montée en température aux alentours de 45°C inactive le virus en 15 jours.

Répartition géographique

Dans les années 60, la fièvre aphteuse était enzootique (présente partout) en France : c’est d’ailleurs l’une des maladies qui a poussé les éleveurs français à se réunir en GDS pour une gestion collective du sanitaire.
Pendant 30 ans, l’identification des animaux, les contrôles aux mouvements, la vaccination puis l’abattage) ont permis d’éradiquer le virus en France mais aussi en Europe.
En 2001, plus de 2000 foyers ont éclaté au Royaume-Uni, 26 aux Pays-Bas, 2 en France et 1 en Irlande.
Elle reste enzootique dans d’autres régions du monde. La carte ci-dessous indique le statut indemne ou infecté vis-à-vis de la Fièvre Aphteuse de chaque pays en juin 2024.
 
Statut des pays vis-à-vis de la Fièvre Aphteuse en juin 2024 (OMSA)

Réglementation

La Fièvre Aphteuse est classée maladie de catégorie A dans la LSA (Loi de Santé Animale, le texte de loi qui uniformise la gestion des maladies animales au niveau européen). Un cas dans un pays restreint le commerce et les mesures sanitaires sont très coûteuses. Lors de la confirmation d’un cas, l’ensemble du cheptel est abattu et une enquête épidémiologique fine est réalisée pour surveiller les élevages susceptibles d’avoir été contaminés.

Signes cliniques

Les bovins et moutons sont plus réceptifs que le porc ; mais les petits ruminants expriment peu la maladie et sont de faibles excréteurs.
Les animaux se contaminent par voie digestive, respiratoire, ou oculaire par voie directe. Les véhicules, aliments et l’Homme peuvent également transporter le virus de manière indirecte. Enfin, le vent peut être transporter le virus sur des dizaines de kilomètres …

L’incubation dure 2 à 6 jours (et peut aller jusque 14 jours)

La mortalité est nulle chez les adultes mais importante dans les jeunes.

Chez les bovins :
  • Forte fièvre (41°C) avec inappétence, arumination et chute de la production laitière.
  • Vésicules sur la cavité buccale (gencives et face interne des lèvres) qui se rompent en 12-24 heures pour donner des ulcères douloureux responsables d’hypersalivation. Cicatrisation des ulcères en 4-10 jours. Les vésicules puis ulcères sont également présents dans l’espace interdigité entrainant des boiteries. On peut également en observer sur les trayons.

Ulcère sur le bourrelet gingival d’un bovin (euFMD)
 
Bovin présentant une hypersalivation (J.F Valarcher)

Chez les petits ruminants : les lésions sont plus discrètes et fugaces.
  • Vésicules puis ulscères dans la bouche, l’espace interdigité et sur les trayons
  • Mortinatalité et avortements nombreux
Ulcère rompu dans l’espace interdigité d’un mouton (EuFMD)

Chez les porcs :
  • Fièvre et donc prostration.
  • Vésicules puis ulcères au niveau de la bouche ; les pieds et la mamelle ; mais également sur le groin.
  • Les animaux marchent sur des aiguilles car les ulcères aux pieds les font souffrir.
  • Mortalité des porcelets
Ulcères sur le groin d’un porc (EuFMD)

En résumé :
  • Le porc multiplie le virus
  • Le bovin révèle sa présence
  • Les petits ruminants l’introduisent dans des territoires indemnes.
Diagnostic

Diagnostic clinique : éléments cliniques et épidémiologiques : un bovin avec des vésicules à midi, 25 à 18h et tout le troupeau le lendemain...
Des anticorps sont produits suite à l’infection en une semaine, avec un pic 3 semaines suivant l’infection, et sont spécifiques du sérotype. Ils sont détectables par ELISA, et ce test permet de distinguer les animaux infectés des animaux vaccinés (attention, la vaccination est interdite, et parfois autorisée uniquement lors d’épidémie). Les anticorps pourraient persister plusieurs années (mais on abat les animaux).
 
Diagnostic différentiel chez les bovins :
  • BVD – MD : très peu d’animaux malades (seuls les IPI développent la maladie des muqueuses). Pas de vésicules.
  • Coryza gangréneux : que les jeunes bovins. Inflammation des muqueuses, atteinte de l’état général car forte fièvre. Pas de vésicules.
  • Stomatite papuleuse : que les bovins, beaucoup moins contagieux. Pas de vésicules mais des papules.
  • Stomatite vésiculeuse contagieuse : qu’en Amérique, touche aussi les chevaux. Clinique identique à la fièvre aphteuse.
  • FCO : bovins et ovins. Moins contagieux que la fièvre aphteuse. Pas de vésicules.
  • MHE : que les bovins. Pas de vésicules mais hypersalivation bien présente.
  • Peste bovine : mortalité élevée, atteinte importante de l’état générale, présente qu’en Afrique et Asie.
Diagnostic différentiel chez les petits ruminants :
  • Ecthyma contagieux du mouton : n’atteint que les petits ruminants et moins contagieux. Pustules puis croutes.
  • Piétin : que les ovins. Pas d’ulcération buccale.
  • Nécrobacillose : ulcères nécrosants profonds.
  • FCO : pas de vésicules mais hypersalivation et boiterie.
  • Clavelée : que les ovins : mort possible des adultes. Papules sur tout le corps.
Diagnostic différentiel chez le porc :
  • Nécrobacillose : ulcère nécrosant
  • Maladie vésiculeuse des suidés : que les suidés, très proche cliniquement de la fièvre aphteuse
  • Stomatite vésiculeuse contagieuse : qu’en Amérique, les chevaux sont atteints. Clinique identique à la fièvre aphteuse
  • Exanthème vésiculeux : qu’en Amérique, que les porcs. Clinique identique à la fièvre aphteuse
Le prélevement de choix est la lymphe des vésicules ou la paroi des aphtes pour recherche virologique et doivent parvenir par tous les moyens de transport possibles au laboratoire (ANSES) sous froid positif.
La recherche du virus se fait par PCR, ELISA (recherche de l’antigène). Le résultat est rapide en cas de fièvre aphteuse : 12 heures après l’arrivée des prélèvements. En cas de résultat négatif, le résultat n’est rendu qu’après 3 jours.

Prévention

Des vaccins inactivés existent dans certains pays où la prophylaxie sanitaire ne suffit pas. L’immunité est acquise en 4 jours et dure 4 à 12 mois selon les espèces.
En cas d'épidémie des zones de surveillance avec des mesures draconniennes de biosécurité sont mises en place (rotoluve pour TOUS les véhicules, pas de mouvements possibles d'animaux sensibles,...)

Que se passe-t-il lors d’une suspicion ?

Vous avez un animal qui bave, puis 2 puis 10....Appelez votre vétérinaire !!
Si le vétérinaire confirme la suspicion clinique, il contacte la DDPP pour déclare la suspicion et valider la nature des prélèvements et les modalités d’envoi (les prélèvements pourront être accompagnés de la gendarmerie pour arriver au plus tôt à l’ANSES !)
Mesures conservatoires :  BLOCAGE TOTAL ET IMMEDIAT de l’explotation : les animaux, personnes et véhicules sont confinés  et un APMS (Arrêté Préfectoral de Mise sous Surveillance) précise toutes les mesures.
Rapidement, un rotoluve est mis en place, les vêtements de travail sont laissés sur place et le véhicule et laver et désinfecter : à ce moment-là seulement le vétérinaire peut repartir.
L’enquête épidémiologique commence : pour trouver d’où vient la maladie et recenser des exploitations "aval" à surveiller étroitement.
Si le foyer est confirmé : l’APDI (Arrêté Préfectoral de Déclaration d’Infection) impose les mesures sanitaires suivantes : les animaux (tous les espèces sensibles) sont abattus sur place, l’exploitation est décontaminée, et un vide sanitaire de 21 jours est imposé avant de repeupler l’élevage. Une vaccination d’urgence peut être décidée en accord avec la  Commission européenne.

Actualité en Europe en 2025
 
09 janvier 2025 : un foyer de fièvre aphteuse a été confirmé en Allemagne sur 3 buffles. Les 14 animaux de l'exploitation ont été abattus. 1 cheptel de 170 porcs qui avait acheté de la paille dans le troupeau a été abattu ainsi qu'n élevage de bovins et de chèvres qui avait acheté du foin. Le dernier cas allemand remontait à 1988. Fin janvier : pas d'autres cas déclarés 21 jours après les abattages : la police sanitaire a permis d'arrêter l'épidémie 

Localisation du foyer allemand du 09/01/2025

07 mars 2025 : confirmation d'un foyer en Hongrie dans un élevage de 1 400 vaches laitière : dans le nord de la Hongrie à 2.5 km de la frontière slovaque au Nord (frontière = le large fleuve Danube) et à 43 km de la frontière autrichienne à l'Ouest.  Ni le sérotype ni la source de l'infection ne sont connus à ce jour. Des restrictions ont été mises en place immédiatement et l'enquête se poursuit. Les animaux sortis de l'exploitation pendant la période à risque sont recherchés.

AUCUN CAS EN FRANCE

Article écrit d’après le guide pratique de diagnostic et de gestion des épizooties : fièvre Aphteuse

et des bulletins de veille sanitaire internationale de la plateforme ESA.


































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